Quatrième de couverture
Composé d’une vingtaine de nouvelles, l’ouvrage entraîne le lecteur sur les chemins d’une mémoire qui, pour être personnelle, a toutes les allures d’une mémoire collective. Attachée aux lieux, fortement enracinée, la promenade littéraire plonge au cœur de cette Corse si proche de nous et pourtant souvent déjà disparue. Rien de nostalgique cependant dans le propos de l’auteur, car chaque nouvelle porte en elle le désir de s’adresser au lecteur d’aujourd’hui, et propose une lecture bien contemporaine. Edifiantes pour la plupart, elles proposent réflexion mais aussi divertissement, comme une invite à porter une attention bienveillante au monde qui nous entoure avec sans doute l’espoir que la part de poésie qui s’attache naturellement aux lieux et aux êtres qui les habitent soit révélée et préservée.
Extrait
« L’homme releva la tête. Je le vois toujours. Il portait une casquette dont la visière étati déchirée sur le côté, il avait une barbe blonde, sur sa joue gauche coulait du sang et il avait des yeux bleus délavés, comme de l’eau morte. Il me regarda… Il devait chercher une connaissance parmi les gens qui l’observaient ; mais il ne reconnut personne, et personne ne voulut le reconnaître. Alors son regard se fixa sur moi, le petit garçon assis sur le parapet, qui regardait le sang qui coulait sur sa joue et sur ses yeux bleus délavés. Il me regarda longtemps. Il me regarde toujours. Nous repartîmes. Mon père avait un drôle d’air quand il me prit la main. Je lui demandai pourquoi l’homme qui avait du sang sur la joue m’avait regardé. Il me répondit, avec une voix que je ne lui connaissais pas, qu’il devait avoir un petit garçon qui me ressemblait dans son pays… »