- Decameron Libero
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
Jacky Casanova offre à nouveau une brassée de poèmes…
Poussière d’étoiles
Il fait nuit, couché sur le dos je regarde le ciel
Les abysses étoilés m’aspirent et m’appellent
Je m’accroche à la terre, angoisse existentielle.
Qui suis je, où vais-je ? Ces questions s’entremêlent.
Cette impression bizarre de l’esprit qui s’échappe
Pour aller regarder ce corps abandonné
Domine maintenant et semble donner le clap
D’une vie sans raison ; sans raison d’espérer.
Je vois, je ne suis rien, infiniment petit
Perdu comme il se doit dans tout cet infini,
Pourtant ce sentiment d’être au centre de tout
Dominant l’univers et d’en voir l’autre bout
Ici point d’église, point de sermon donné
Des âmes se regroupent et éclairent la pensée
L’une apportant à l’autre juste pour partager
Donnant ainsi à toutes, le sens du mot aimer.
Aimer, aimer, il ne peut en être autrement
Toute cette poussière d’étoiles soudain éparpillée
S’égaille en tout sens et revient prestement
Vers ce bébé qui pleure au plaisir d’exister.
Prière à ma mère
Bonjour, maman, je m’adresse encore à toi
Non pas pour pleurer encore ton absence
Mais juste pour discuter de tout ce désarroi
Qui guide mon présent et trouble ma patience.
Je ne veux pas savoir ce qu’ils en pensent là-haut
Il y a un temps pour tout et le moment viendra
Pour qu’on me dise enfin, comment tous nos défauts
Ont conduit ce monde à ce qu’il s’effondra
Je ne vais pas me plaindre alors que je ressens
Combien depuis longtemps nous nions l’évidence
Et que fermant les yeux, feignons d’être absents
Pour espérer, je crois en une dernière chance
Oui, je sais tu me vois et tu veilles encore sur moi
Tu écoutes mes prières et soulage ma conscience
De toutes ces erreurs, il y en a tant, je crois
Qui ont guidé mes pas vers ce mal d’insouciance
Nous nous relèverons, saurons-nous reconstruire
Un après sans la haine pour enfin vivre heureux
Saurons-nous profiter et puis aussi s’instruire
Des vertus de l’amour en remerciant les cieux
Saurons-nous regarder l’autre comme un frère
Caresser ses douleurs, apaiser ses souffrances
Saurons-nous soutenir oubliant d’être fier
Ceux qui tendent la main devant cette abondance
Je sais bien, tu souris de m’entendre espérer
L’homme se détruit de se prendre pour Dieu
Il a juste envie de rêver, et puis de dominer
De dominer les autres avant de dire adieu
Rêves ou cauchemars
Tu vois un ciel bleu et des milliers d’oiseaux
Se déplaçant sans bruit, là-bas dans le lointain
Tes bras se tendent, touchent ce berceau
Dans lequel repose ce tout petit bambin
Tu sautes, tu voles par dessus le silence
Ce silence envoûtant qui envahit ton monde
Puis tu poses ton pied et tout recommence
Ton esprit s’échappe, ton esprit vagabonde.
Tu es bien, attends la suite sans impatience
Au loin les oiseaux jamais ne disparaissent
Un peu comme si l’image était une apparence
Dessinée pour calmer un peu de ta détresse.
Tout à coup, le blanc passe au rouge
Le berceau disparaît emporté par les flammes
Le bambin n’est plus là, pourtant en toi il bouge
Tu sais que lui c’est toi, aurait-il la même âme ?
Le réveil est brutal, tu voudrais persister
Dans ce rêve abandonné, au moment du message
Tu ne comprends pas, cela va te hanter
Mais les songes tu sais ne sont qu’un héritage.
Rien
Je n’ai rien vu, mais alors rien de rien
Et tout ça, croyez-moi, avec les yeux ouverts
Je n’ai rien vu, mais alors rien de rien
Et juste pour la rime, tout le bleu était vert
Je regardais devant concentré sur ma tache
Le rien est arrivé, de travers sur ma droite
Et affronter un rien, faisant de vous un lâche
Je suis parti à gauche, la voie était étroite
C’est drôle, comme on a peur de rien
Surtout évidemment dans le noir qu’il imprime
Pourtant il se dit, qui ne risque rien n’a rien
Cela devrait pourtant éviter la déprime
Faire un poème avec rien ne conduit pas à tout
Car faire tout avec rien n’est pas chose facile
Rien n’appartient à rien, tout appartient à tous
J’utilise donc le tout, pour faire moins l’imbécile.
Souvenirs
Prends ton temps, assieds-toi, écoutes
Le bruit de fond s’estompe puis s’efface
Laisse derrière lui le silence que l’on goûte.
Ferme les yeux, l’esprit à toute la place.
Ton souffle s’est calmé, ton ouïe aiguisée
Même si sa voix résonne, elle te charme
Elle te parle, ton cœur est apaisé
Tu es enfin prêt, baisses les armes.
Ton âme a pris ta main, soutient ton voyage
Vers ces lieux oubliés, quittés depuis l’enfance
Il aura donc fallu que tu prennes de l’âge
Pour entendre à nouveau les sirènes de l’absence.
Certes ils ne sont plus là, mais revivent encore
Et si tes souvenirs, frappent à ta conscience
C’est bien pour rappeler, faisant fi de ton corps
Nous ne sommes rien sans eux, sauf l’obsolescence.
Tant
Tant de tendresse dans ton regard
Tant de mots, dans tes silences
Tant de choses qui m’accaparent
Tant de soupirs dans tes absences.
Tant de courage pour tes épreuves
Tant de douleurs que tu me caches
Tant de passion, j’en suis la preuve
Tant d’élégance, tant de panache.
Tant de bonheur, en suis-je digne
Tant de joies toutes ces années
Tant de proses, c’est juste un signe
Tant de patience à me donner.
Tant d’amour pour tout soigner
Tant de justesse, j’y suis contraint
Tant de défauts à apaiser
Tant de je t’aime, comme un refrain
Tuons l’humanité
Cette impression de dominer le monde
De profiter, de toutes ses richesses
D’en refuser ses humeurs vagabondes
Sans accepter qu’elles soient vengeresses.
Cette suffisance face à tous ces mystères
Comme si l’homme connaissaient les réponses
Notre attitude, alors que nos grands-pères
Nous avaient légué des semonces.
La certitude, avec si peu de recul
Que rien ne peut arriver
Et d’évidence, la science nous accule
En même temps qu’elle peut nous soigner.
Ce regard ancré sur demain
En ignorant ce que furent nos erreurs
Nous achemine, et cela est certain
Vers un avenir errant sur des pleurs.
Vibrato
Tu laisses aller ta plume, courir tes émotions
Au gré de tes envies ou de tes jours de pluie
Tu regardes le ciel, cherches l’exaltation
Il y a dans tes écrits tant de rêves enfouis.
Tu trembles en relisant, caches tes frissons
On ne peut tout montrer sous peine d’en souffrir
Les mots sont la beauté, de même que le poison
D’une âme tourmentée n’ayant rien à offrir.
Tu veux que l’on te lise, tu ne sais pas pourquoi
Alors que tu te drapes derrière tes certitudes
Il y a un inconfort et là tu le perçois
À croire se travestir avec ces attitudes.
Laisse donc aller ta plume, tremble s’il le faut
Frissonne en attendant un instant de repos
Continue cependant de regarder en haut
Puis parle en acceptant d’entendre ton vibrato.
Zahira
Elle se lève tôt, il fait encore nuit noire
Avance doucement guidée par la mémoire
Évitant ses enfants, couchés là sur le sol
Qu’elle devra réveiller pour partir à l’école.
Chaque jour, ces gestes l’enchaînent,
A cette vie d’avant, devenue d’aujourd’hui
Elle n’a jamais rêvé, cette enfant africaine
D’un demain différent qui aurait ébloui.
Zahira, ailleurs, serait une jeune fille
Regardant les étoiles, y cherchant le bonheur,
S’habillant pour sortir avec des bas résille
Cachant le plaisir tout au fond de son cœur.
Elle pourrait, aussi, être une princesse,
Pour des parents heureux de ce cadeau du ciel
Offert à un monde touché d’allégresse,
Donnant aux enfants une place essentielle.
Oh Zahira ! je pleure ta jeunesse vendue,
Sur le banc des choses qu’on doit faire,
Assurant ainsi, à une famille secourue
Les moyens d’un avenir prospère.
Oh Zahira ! je pleure, je pleure
Mais puis je au-delà t’apporter,
Autre chose que la peur,
De ceux qui ne veulent partager.
Pauvre peuple soumis
On te dit volontiers, porteur de tant d’outrage
Incapable d’accepter les règles de ce monde
Alors que tes élus, faisant preuve de courage
Chasse pour ton bien, au loin la bête immonde
L’argent qui pervertit le cœur de tous les hommes
Ne doit pas te toucher et gâcher le bonheur
De tes sens éveillés, aux dorures, à l’arôme
Et aux chants des sirènes, des perfides seigneurs.
Tu dois vivre, écouter, obéir sans te plaindre
Engager tes enfants sur le chemin paisible
Des choses que l’on dit, juste pour contraindre
À ne tendre la main qu’aux fantasmes accessibles
Tu dois jeter tes rêves au fin fond de l’oubli
Ils y retrouveront ceux de ces peuples soumis
À qui quoiqu’on en dise, il est encore permis
De se taire et d’œuvrer pour l’ordre établi
Il faut cependant que tu regardes bien
Combien par ta faute nous en sommes ici
Toi a qui d’autres en se jetant aux chiens
Ont permis de changer juste en disant, voici !
Tu ronchonnes, tu dis et aussi tu écris
Tout en te gardant de changer quelque chose
Et par là même, bien sûr tu souscris
En faisant autrement à ce que dit ta prose
Il est des infirmières
Il est des mains si douces
Qu‘elles calment vos pleurs
Brunes, blondes, ou rousses
Et si proches du cœur.
Il est de ces sourires
Après ces nuits passées
Dans le silence, à souffrir
Et mille questions posées.
Il est de ces présences
Juste par un regard
Qu’on ressent les absences
Quand la nuit vous empare.
Il est des mots si tendres
À écouter chanter
Des paroles pour détendre
Cette âme fatiguée.
Il est de ces fées blanches
Pour vous regarder vivre
De dimanche en dimanche
Enfin, elles vous délivrent
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