La coofficialité et, d’une façon plus large, la langue corse, sont probablement les sujets qui ont fait le plus parler d’eux en Corse ces dernières années.
Le thème est en effet d’importance : le corse est une langue minorée, dominée et menacée. De plus, il s’agit d’un des principaux piliers de l’identité collective du peuple corse qui, historiquement, philosophiquement et juridiquement, est en opposition avec l’organisation et la Constitution même de l’État français et avec son idéologie monolinguiste.
Dans ce débat très sensible, celui de la coofficialité et de la langue corse, on a beaucoup glosé et parfois entendu des arguments contraires au plus élémentaire des raisonnements scientifiques.
C’est ainsi qu’à travers ces 50 arguments l’auteur montre que tout cela n’est finalement qu’une affaire de politique, de construction sociale, de lutte de pouvoir et qu’un statut de coofficialité serait normal, légitime et surtout… possible
Romain Colonna est maître de conférences à l’université de Corse, membre de l’UMR CNRS 6240 LISA. Ses recherches concernent, entre autres, le fonctionnement social du corse, la minoration et la domination linguistiques ainsi que les politiques linguistiques. Il a écrit et publié plusieurs ouvrages et articles spécialisés autour de ces thèmes.
Table des matières
Introduction
Partie I Arguments sociaux et quantitatifs
1. « 1915 = 85 % de transmission intergénérationnelle pour le corse
2015 = 2 % de transmission intergénérationnelle pour le corse
#ToutVaBien #Coofficialité »
2. « Parler c’est naturel. Parler telle ou telle langue ce n’est en rien naturel ! La langue est une construction sociale.
La coofficialité = construire »
3. « Environ 200 États et 5000 langues dans le monde : le plurilinguisme, c’est la norme ! #Coofficialité »
4. « 2050 = 750 millions de francophones dans le monde. La coofficialité pour 300 000 locuteurs ne devrait pas trop menacer le français, non ? »
5. « La coofficialité n’est pas synonyme de bilinguisme !
En revanche, aujourd’hui, afin de parvenir à un bilinguisme social, on a besoin de la coofficialité »
6. « Sans un cadre légal, c’est-à-dire sans la coofficialité, la langue corse ne pourra pas vivre, se développer, s’accroître, s’adapter, se transmettre ! » .....
Partie II Arguments économiques et professionnels
7. « Les opposants au plurilinguisme dénoncent son coût mais se sont-ils interrogés ne serait-ce qu’une fois sur le coût du monolinguisme ? #Coofficialité »
8. « L’avenir du corse sera assuré lorsqu’il sera associé à des intérêts qui vont au-delà de l’identité : intérêts économiques, professionnels, etc. #Coofficialité »
9. « Désirer un corsophone pour un emploi, c’est désirer une compétence et non pas un Corse #Coofficialité »
Partie III Arguments liés à l’identité et aux (mauvaises) représentations de la langue
10. « L’avenir de la langue corse, pour une grande part, doit être soumis à un travail important sur les représentations concernant la langue #Coofficialité »
11. « Conseil municipal d’Aiacciu. Une élue est sifflée par une partie du public car elle a répondu en corse #Coofficialité »
12. « C’est incroyable de lire encore et toujours que la coofficialité est pour certains “discriminatoire” lorsque l’on sait toutes les discriminations constituées à l’égard du corse »
13. « La coofficialité contribuerait à régler un certain nombre de problèmes identitaires engendrés par la minoration »
14. « La coofficialité permettrait de se débarrasser de divers sentiments de culpabilité que le peuple corse traîne »
15. « Le plurilinguisme a été considéré comme une punition divine (Tour de Babel). La route vers le bilinguisme est encore longue #Coofficialité »
16. « Le bilinguisme a longtemps été considéré comme dangereux et nocif #Coofficialité »
17. « “Si la langue meurt, c’est le peuple qui meurt” disait Santu Casanova #Coofficialité »
Partie IV Arguments liés à la philosophie de la politique linguistique
18. « De nos jours, l’espace public et privé se confondent pleinement. Par conséquent, nous devons intervenir sur le premier afin d’impacter le second = la coofficialité » .
19. « La langue corse = un capital commun. La politique de la langue corse → doit être une politique commune = la coofficialité »
20. « Le non-interventionnisme est une forme d’interventionnisme #Coofficialité »
21. « “Entre le fort et le faible, (…) c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit” #Cooffi cialité »
22. « La coofficialité, c’est poser un acte de liberté de choix »
23. « Supprimer la dimension politique du débat sur les langues minorées = supprimer le rapport de force à l’origine de la minoration #Coofficialité »
24. « Langues dites “régionales” : le “régional” impose une verticalité avec le “national”. La coofficialité = l’horizontalité »
25. « Les langues “régionales” : ce qualificatif de “régionales” invite à considérer ces langues comme des symboles d’un folklore local #Coofficialité »
26. « Pour l’État français, le problème n’est pas de reconnaître d’autres langues mais de les reconnaître à parité #Coofficialité »
27. « La coofficialité crée les conditions de l’égalité. Le monolinguisme français crée les conditions du déséquilibre »
28. « La coofficialité invite à penser de manière tout à fait nouvelle le droit, la citoyenneté, le rapport à la pluralité, la diversité, l’égalité : la société »
Partie V Arguments juridiques et (il) légaux
29. « Le droit international promeut le plurilinguisme et la coofficialité »
30. « Un peuple n’a pas le droit d’interdire ou de contraindre l’usage linguistique d’un autre peuple. Et pourtant, c’est ce que fait la France #Coofficialité #Avenir »
31. « Comment espérer un bilinguisme social avec une langue officielle, légale et l’autre officieuse et illégale ? = impossible #Coofficialité »
32. « La coofficialité (l’acte juridique) ≠ l’officialisation (les moyens). Le risque est d’obtenir la première sans la seconde ! »
33. « Nous avons atteint la limite de ce que le droit permet. Nous avons besoin de changement = la coofficialité »
34. « La coofficialité, ce n’est pas enlever des droits au français, c’est en donner également au corse #Coofficialité #Avenir »
35. « La coofficialité s’inscrit dans une logique de légitimation qui débouche sur le fait de conférer à la langue (en fait aux locuteurs) le “droit de” »
36. « Article 2 de la Constitution française “La langue de la République est le français” = principal obstacle juridique pour la coofficialité »
37. « L’article 75-1 de la Constitution française “Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France” ne vaut rien pour la coofficialité »
38. « La coofficialité peut s’appuyer au niveau juridique sur le principe de subsidiarité = prendre les décisions au niveau le plus adapté / bas »
39. « – L’État : le corse c’est une langue régionale
– Les Corses : nous voulons un enseignement obligatoire du corse
– L’État : c’est impossible d’imposer une langue régionale #Coofficialité »
40. « Des arguments qui devraient suffire à eux seuls pour revitaliser la langue et soutenir la coofficialité : langue historique, territoriale et reconnue par le peuple corse »
Partie VI Arguments liés aux institutions et aux politiques linguistiques
41. « Dans le monde, il y a des organisations politiques et des États qui fonctionnent avec la coofficialité. Non, ce n’est pas une plaisanterie, ça existe ! »
42. « Une officialisation sectorielle ne peut conduire qu’à une revitalisation sectorielle #Coofficialité »
43. « “L’unique manière d’avoir une langue normalisée est d’avoir son propre État” #Catalogne #Coofficialité »
44. « La ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires peut s’avérer être un piège pour le corse #Coofficialité »
45. « La coofficialité, c’est donner la possibilité au corse d’être autonome et non sans cesse soumis au français »
46. « L’université a traduit une partie de son site en corse. C’était attendu… ! www.universita.corsica #Coofficialité »
47. « La coofficialité permettrait la mise en place de structures de surveillance, d’évaluation, etc… par rapport aux politiques votées »
48. « Jusqu’à présent, en Corse, le politique a été incapable de mettre en place les structures essentielles pour l’équipement de la langue #Coofficialité »
49. « Le 17 mai 2013, la CTC vote en faveur d’un projet de coofficialité pour le corse. On a parlé de vote « historique ». La suite :–( »
Dernier argument
50. « “Je suis favorable à un statut de coofficialité pour la langue corse” et je le dis. Et vous ? »