Quatrième de couverture
L’art préhistorique occupe une grande place dans l’histoire des premiers habitants de l’île. Plus précisément, la sculpture et l’architecture qui constituent les deux parties du présent ouvrage.
En Europe, l’art émerge au moment où l’homme paléolithique tente de valoriser ses productions utilitaires par l’ajout d’une peinture, d’une gravure ou d’une sculpture en relief. Il développe une forme artistique particulière que nous pouvons qualifier de sculpture en relief. Elle s’exerce sur la matière, l’os, par exemple, sur le bâton percé, sur le propulseur ou autre.
Mais, dès que la représentation artistique se sépare de l’outil ou de l’objet utilitaire pour figurer seule, elle prend alors une valeur spécifique, indépendante de toute finalité matérielle. L’étude de la sculpture préhistorique de l’île nous invite à distinguer chacun de ses aspects : l’un se rapportant à la forme donnée au support et l’autre aux motifs réalisés sur lui.
Il appartient au préhistorien de retrouver les formes d’action exercées sur la matière (A. Leroi-Gourhan, 1971), de définir les moyens mis en œuvre (l’homme et l’outil), mais également de cerner les objectifs (un art religieux ?) poursuivis par le sculpteur préhistorique. Pour se faire, il est indispensable de restituer les « chaînes opératoires » en vue de découvrir ce que furent les techniques d’exécution.
La découverte des moyens et des procédés mis en œuvre pour sculpter la pierre nous entraîne ici sur des pistes exploratoires, rarement pratiquées en Corse. De même, l’architecture mégalithique est approchée comme un chantier majeur de l’archéologie. Lieux, matériaux, savoir-faire, fonctionnalité et éventuelle symbolique sont indissociables et dessinent les contours culturels des groupes humains qui peuplaient la Corse durant la préhistoire. Là encore les chaînes opératoires reconstituées sont d’une grande aide pour saisir ce qui nous est parvenu, du geste à la pensée, par delà les siècles de distance.