Quatrième de couverture
Dans l’Alger de 1954, la tourmente s’abat sur la société. La guerre débute et il faut choisir son camp. Et comment le choisit-on lorsque l’on est un tout jeune homme et que sa famille, ses voisins sont partagés ? Un roman sensible et profond, méditerranéen.
Marcel, Alger 56. La vie gorgée de soleil laisse couler ses plus beaux jours. La famille, les copains, l’éveil à la sensualité et au monde des hommes scandent les instants d’éternité. Bien sûr, tout ne va pas bien, les premiers attentats, la répression scindent les communautés qui inexorablement commencent à se tourner le dos. Mais, la joie de vivre — bonheurs et malheurs confondus — porte chacun vers une destinée que l’on croit indélébile parce qu’inscrite sous le grand ciel lumineux de Méditerranée. Pourtant, l’heure des choix a bien sonné et la guerre pousse dans le dos ceux qui traversaient la vie insouciants. Plus de place pour l’innocence…
Et l’enfant devient homme dans un monde où les repères vacillent : meurent les hommes, pleurent les femmes, coule le sang et coulent les larmes. Que restera-t-il de Marcel ? La gouaille rivée à la langue ? Les souvenirs des temps heureux ? Les désirs brisés ? Le goût amer du sang ou celui de l’amour figé ?
Extrait
Hier ils ont empoisonné le berger allemand des Girard. Faut pas croire, c’est pas rien qu’une coïncidence, un fait divers. Non, c’est un signe. Un indice venu s’ajouter à tant d’autres indices que les gens d’ici, par commodité ou par lâcheté, ne veulent pas voir, préfèrent ignorer.
Parfois, baisser les stores, fermer les yeux ou regarder ailleurs c’est pratique, commode, agréable même, pour peu que l’on aime son petit confort. Mais on ne peut pas vivre constamment les yeux fermés en se promenant au bord d’un précipice sans risquer la gamelle sévère, la dégringolade, la chute ; vous savez ? Celle réputée pour être la plus dure.
Aujourd’hui on peut en rire puisqu’on peut rire de tout. D’accord, j’veux bien. Mais demain ? Mais un jour ? Un sale jour ? Elle sera là, la Guerre. Et ouais… Et les rieurs, les incrédules, les inconscients, tous ceux qui la ramènent, ne seront plus très fiers. I pavoiseront pas. Oh non ! Pasque, je peux vous dire, c’est pas quand on a le cul sale qu’on a envie de grimper au mât de cocagne !