- LND 2023 -Juin
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Lettre à un frère proche et lointain, pourtant présent depuis toujours… Par Florian Galinat
(Thème : fraternité / sororité)
Cher Frère,
J’ai longtemps imaginé t’écrire cette lettre. Ce désir chaque jour je l’avais en tête. Il m’était agréable car il me rapprochait de toi, c’est pour cela que je l’ai gardé tant d’années. À chaque volonté de l’encrer sur la feuille il disparaissait. L’assouvir c’était te perdre. Mais les années passent. Récemment je me suis rendu compte qu’elles me volaient certaines images et de nombreuses paroles. À ne pas t’écrire je te perdais finalement.
Notre première rencontre ce fut un soir sous une Lune qui avait voilé le ciel noir. Je sortais d’un chemin de nuit et je souffrais de ce vent salin qui faisait hurler la Mer. Sur cette plage au loin cette grotte qui t’accoucha, toi qui semblais venir de l’intérieur de la Terre. Nous avions gardé le Silence et nous marchions vers le jour qui s’éveillait. Tu me ressemblais beaucoup c’était assez troublant. Ton apaisement cependant semblait nous distinguer. Nous nous étions installés à la lisière des tamaris sur un tas de Pierres, mon assise était bancale et tu m’avais souri. Ce moment fut si fragile qu’un simple mot aurait brisé l’œuvre du souffleur de Silence. À l’intérieur de moi, du vide. Seulement des os, de la chair et le mécanisme. Se sont engouffrés ensuite les maux. Il fallait tout rebâtir. Sous ce ciel de plomb tu t’es levé. Après trois pas seulement tu es resté droit, immobile et tu as gardé le regard haut posé sur l’arête lisse de la montagne. Tu attendais. Je suis resté derrière toi, fier de notre rencontre. On vivait un moment détaché de toute temporalité. Mes pensées ne cherchaient plus à fuir en avant pour en laisser d’autres les suivre. Elles restaient près de moi, fidèles, douces et chaleureuses. Le présent s’épaississait. Soudain, l’incendie du Soleil s’est déclaré en montagne embrasant les cierges résineux. Un rayon de vraie lumière t’a caressé le visage pour venir sur le mien. J’ai fermé les yeux puis j’ai compris ce que tu voulais me dire. À ne pas parler on ressentait les choses plus fortement.
Nous avons continué le chemin ensemble sans rien se dire, c’était la règle. Tu m’as appris à parler avec le cœur. Au début parfois puis aujourd’hui tout le temps, il me parle de la beauté du monde avec cette voix forte et vibrante, si harmonieuse. On a ainsi voyagé ensemble toute ma Vie.
Florian…
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