La Corse, avec ses plages, ses montagnes, ses « dix mille virages », ses trois cents jours d’ensoleillement annuels est un véritable paradis pour le randonneur à moto.
Le séjour dans l’île se combine ici en vingt itinéraires tous plus beaux les uns que
les autres. Qu’il s’agisse de flâner dans
les effluves marins des routes littorales ou sur les petites routes de montagne, viroleuses à souhait, qu’il s’agisse de découvrir l’intérieur de l’île, de village en village, ou encore de contempler des paysages indescriptibles, de marcher sur des sentiers enchanteurs au creux de forêts millénaires, de se baigner dans les eaux turquoise de la Méditerranée ou dans les eaux pures d’un torrent de montagne… le programme s’avère de qualité exceptionnelle.
L'auteur
Serge Ayala, motard dans l’âme, connaît l’île – pour y habiter depuis des lustres – dans ses moindres recoins. Il propose un guide de randonnées à moto complet pour voyager en toute sécurité (cartes, descriptifs, relais moto, etc.).
Interview de Serge Ayala à propos de l'ouvrage À la découverte de la Corse à moto
Albiana : Vous publiez À la découverte de la Corse en moto, quelle est l’histoire de ce guide ?
Serge Ayala : C’est l’union de deux passions, la Corse et la moto. L’idée s’est imposée lors d’un séjour dans le Niolu, au cœur de la Corse. Après avoir traversé à moto les 10 km de la Scala di Santa Regina, nous sommes partis, ma compagne et moi, à la découverte de l’antique sentier d’accès au Niolu, dominant le Golu et la route, mais invisible de celle-ci. Une merveille secrète, faite de sources et de torrents, de passages taillés dans le roc et de ponts de pierre, d’escaliers de géants et de statues de saints, ignorée des gens de passage mais familière aux Niolins, et pour cause… La Corse est incroyablement riche de ces endroits cachés : pourquoi ne pas en faire partager la découverte au plus grand nombre, et comment décrire le plaisir de s’y rendre, en moto ? Ce guide est ma réponse à ces deux questions. Le plus difficile a été, comme souvent, de faire des choix. Choix des itinéraires motos : il a fallu couvrir toute la Corse, les proposer dans un ordre logique et harmonieux, présenter les villes, points de départ des itinéraires… Et choix de balades pédestres faciles, sans se substituer aux guides spécifiques randonnées, et à la destination motivante, baignade, panorama, curiosité. Choix difficiles : la Castagniccia littorale, chez moi, l’Alesani, le Boziu, l’intérieur du Cap, entre autres, n’y apparaissent pas… Pour une prochaine édition peut-être ? J’ajoute que ce guide n’aurait jamais vu le jour sans ma compagne Françoise, qui en a partagé la création, du premier kilomètre sur la selle, à la dernière ligne.
Albiana : Votre guide est exhaustif pour la pratique de la moto en Corse (itinéraires, concessionnaires, conseils, sites, patrimoine, etc.). Cela représente combien d’années de travail et, surtout, combien de kilomètres ?
Serge Ayala : 30 000 km parcourus en Corse à moto et deux ans de rédaction. Mais pas de travail ! Quand on traverse les Calanche, quand on randonne dans la Restonica ou quand on plonge dans la Solenzara, et même si le dictaphone est à portée de main, je peux vous assurer que ce n’est pas du travail ! Quant à la rédaction, disons que c’est la passion mise en forme…
Albiana : La Corse est vraiment idéale pour la pratique de la moto ?
Serge Ayala : Oui. En moto, tout est « hyper ressenti », la route se vit, totalement : tout ce qu’offre la Corse à la sortie du ferry, la mer, le port, la ville, le maquis, les odeurs, la montagne, est décuplé, on en prend plein les yeux dès les premiers kilomètres. C’est plus qu’un dépaysement, c’est une aventure ! En outre, il est facile de se garer en moto, et, en Corse plus qu’ailleurs, les tentations d’une pause sont nombreuses : admirer un panorama, demander son chemin, boire l’eau de la fontaine, plonger dans un torrent (il fait très chaud sous un blouson de cuir, même au printemps), déguster un sandwich au lonzu… La Corse en moto, c’est un must !
Albiana : N’est-ce pas trop dangereux de rouler en Corse tant le regard peut être attiré par les sublimes paysages et altérer un peu la concentration des pilotes ?
Serge Ayala : On touche ici ce qui fait l’essence même du plaisir motocycliste, l’alliance des sensations sur un deux-roues motorisé (ou un side-car) et du risque calculé. Une moto se pilote, elle ne se conduit pas : le danger fait partie intégrante de la pratique moto, et tout l’art du pilotage consiste à le prévoir, non le supprimer. Prévoir l’improbable, comme un sanglier surgissant du bas-côté ou une guêpe engouffrée dans le blouson, c’est adopter une conduite responsable faite d’anticipation et de concentration. Sur ce point, la Corse n’est pas une exception ; disons un bon apprentissage pour le motard débutant, et une révision générale pour le confirmé. Le tout dans un cadre sublime !
Albiana : Comme on le constate à la lecture de vos 17 itinéraires, on ne calcule pas en kilomètres lorsque l’on circule en Corse mais en temps. Expliquez-nous cela.
Serge Ayala : L’une des conséquences de la diversité géographique de la Corse, c’est son réseau routier. On ne roule pas à la même vitesse en traversant le village d’Olmeto, à la montée vers Bavella ou sur la N1197 rectiligne… Concentration identique, mais pilotage différent, adapté au revêtement, à la largeur de la chaussée, à la visibilité, à l’environnement, à la météo… Pilotage différent, vitesse différente… En Corse, une carte routière se lit avec prudence, avec méfiance presque : les 90 km qui séparent Calvi de Porto ne se couvrent pas en une heure, ni même en deux… Le temps de parcours uniformise ces différences. Et puis, sur la moto, le facteur temps est capital, plus encore qu’en voiture : la concentration est supérieure, rien n’est filtré par un pare-brise ou une carrosserie, aussi la fatigue y surgit deux fois plus vite, et les pauses fréquentes et indispensables. Une heure sur la selle, pour un motard, c’est parlant ! Et c’est aussi cela le plaisir de rouler en Corse : savoir s’arrêter. Dans un bar de village, au bord d’un torrent, au sommet d’un col…
Albiana : Votre livre À la découverte de la Corse en moto s’adresse à quels types de motards ?
Serge Ayala : En priorité au motard voyageur et curieux, contemplatif et flâneur, solitaire ou en groupe. Mais dans tous les cas pas pressé ! Et pas seulement au motard d’ailleurs. L’un des plus beaux moments vécus à moto l’a été au printemps dernier, sur la N198, du côté d’Aleria. La moto surchargée, calée à 70 km/h, bercés par le poum-poum du moteur, nous avons été dépassés par un convoi de Morgan, ces coupés anglais d’exception, tous différents, et presque tous décapotables… Arrivés à notre hauteur, chaque pilote nous saluait, qui de la main, qui de son klaxon, véritable communion dans le voyage, la passion, la Corse. Inoubliable !
Albiana : Les particularités géographiques de la Corse font qu’à certaines saisons le climat change du tout au tout en à peine dix kilomètres. Quels sont les conseils primordiaux que vous préconisez ?
Serge Ayala : Anticipation, prudence, humilité : envisager le pire pour faire face au possible, et maîtriser l’inévitable… S’équiper en général, et ne jamais quitter son blouson en particulier. Prévoir le déluge à Vizzavona en juillet, enfiler la combinaison de pluie à Vivario (ou Bocognano) dès les premières gouttes, s’arrêter dans une auberge au plus fort de l’orage, renoncer le cas échéant : en bref, adopter une conduite responsable, en toutes circonstances… Comme le dit le proverbe : « Un bon motard est un vieux motard »
Albiana : En tout état de cause la Corse est bien un paradis du deux-roues, n’est-ce pas ?
Serge Ayala : Oui. J’irai même plus loin : la Corse est LE paradis européen du plaisir motocycliste. Tout ce que recherche le motard voyageur, il le trouve ici, en Corse, condensé sur deux départements et 8 700 km2 : des virages, des montées, des descentes, des panoramas, la mer, la montagne, une météo clémente, l’aventure… Et l’hospitalité. Avec un grand H.