Niellu Leca - Le restaurant

Le restaurant, sous la plume de Niellu Leca, devient le théâtre des changements de mentalités, des changements politiques, et de nos responsabilités. 

 

 

 Le restaurant

 

« Si tu es très sage, si tu manges proprement tout ce qui est dans ton assiette, si tu peux rester gentiment à table jusqu’à ce que tout le monde ait terminé, si tu dis bonjour, merci et au revoir à la dame ou au monsieur qui te sert, si tu n’essaies plus de faire manger ta soupe à ton nounours, si tu ne dis plus que tu as trop sommeil pour mâcher ta viande, que les légumes te font mal au ventre et que tu veux seulement le dessert que tu as vu dans la pub à la télé, nous t’emmènerons avec nous au restaurant. »

 

Combien de fois n’ai-je entendu cette litanie d’épreuves plus insurmontables les unes que les autres ? L’énoncé de cette quête initiatique qui peut-être un jour me permettrait enfin d’accéder à ce lieu mythique que mon imagination d’enfant parait de tous les délices du corps et de l’esprit : le restaurant ! Et les grands qui en rajoutaient quand ils en parlaient entre eux, les yeux encore brillants à l’évocation de ce paradis des sens : « Un régal ! Je ne te dis que ça : un régal… et le patron qui te décrit sa carte en donnant une saveur, un parfum à chaque mot… et sa femme, toujours souriante qui a un mot gentil pour chaque table… et la décoration, raffinée et chaleureuse tout à la fois… et… et… et… et ils attisaient mon impatience jusqu’à l’insoutenable. À croire qu’ils le faisaient exprès pour me narguer et sans jamais prononcer la formule magique : « Ce soir, tu viens avec nous. »

« Ce soir, tu viens avec nous. » L’avais-je rêvé une fois de plus ou bien ma mère avait-elle réellement prononcé ces mots tant espérés ? Elle souriait, mon père aussi. Tous deux me regardaient. Se moquaient-ils de moi ? Étaient-ils capables d’une telle cruauté ? « Allez, ne reste pas planté là, va t’habiller ! » ajouta-t-elle, « sinon nous devrons partir sans toi. » Tel un somnambule, je courus vers ma chambre et ce n’est qu’en me cognant à la porte que j’avais oublié d’ouvrir que je compris que je ne rêvais pas.

Je ne savais plus où donner des yeux. Les tables étaient recouvertes de nappes pareilles à celle que maman ne sortait de l’armoire qu’à Noël ou pour d’autres grandes occasions. Sur chacune d’elles, la flamme d’une bougie dansait, faisant chatoyer les couleurs de son écrin de verre. Les couverts contre les assiettes sonnaient telles des clochettes joyeuses et turbulentes. Aux murs, des lampes ouvragées diffusaient une douce lumière sur des convives aux mines épanouies. Papa se mit à lire la carte à haute voix, et c’était vrai : chaque mot sentait bon ! Surtout ceux que je ne comprenais pas et qui me laissaient augurer de délicieuses surprises. Et, incroyable, je pus même choisir ce que j’allais manger !

Depuis quelques minutes, je suivais des yeux la jolie dame qui allait de table en table. Elle s’attardait un instant devant chacune d’elles, disait quelques mots que je n’entendais pas et les gens soudain riaient. Je fus alors persuadé qu’elle avait le pouvoir de rendre heureux comme la fée de mon livre de contes qui d’un coup de baguette magique redonnait le sourire aux plus tristes. Enfin, elle s’arrêta devant nous.

« Ah, le voilà enfin ce beau jeune homme ! » dit-elle en m’ébouriffant les cheveux.

Inouï ! Elle m’attendait donc, elle, la seule à s’être rendu compte que j’étais un jeune homme et non un poussin, lapin, minou ou je ne sais quel autre animal, comme le croyaient papa et maman. En un clin d’œil elle avait noté ce que chacun avait choisi et revenait déjà chargée de trois assiettes d’un seul coup.

Je voudrais vous faire partager le souvenir de ce festin mais, désolé, les mots n’y suffiraient pas.

Et soudain, il m’apparut. Dressé dans l’encadrement de la porte de la cuisine, ce laboratoire mystérieux où naissaient des merveilles, il balayait la salle du regard du maître des lieux. Le Magicien, c’était lui ! Lui qui régalait les palais pour laisser à chacun le souvenir d’impérissables moments de bonheur. Je comprenais enfin pourquoi les grands avaient les yeux brillants quand ils les évoquaient. C’est à cet instant-là que je sus ce que je voulais devenir : restaurateur. Magicien comme lui pour prodiguer du plaisir et régner sur un domaine de convivialité, de partage et de chaleur humaine. Ce serait ma mission. Que dis-je, mon sacerdoce !

Je ne vous dirai pas que le chemin fut facile, loin s’en faut. Faisant mes classes auprès des plus éminents mais exigeants virtuoses de l’art culinaire, je dus oublier les soirées entre copains, les repas en famille, les grasses matinées, et quand parfois le doute s’insinuait, je réveillais le souvenir de cette fameuse soirée et repartais de plus belle. Jusqu’au jour où, enfin, j’ouvris mon restaurant et devins à mon tour le Magicien. 

Je créais des plats, j’inventais des saveurs nouvelles par des associations surprenant les palais les plus aguerris. J’améliorais sans cesse le service, l’accueil, embellissais le décor pour que mes clients, dont la plupart étaient devenus des amis, se sentent bien chez moi. Comme chez eux. Mieux que chez eux sans doute puisque certains refaisaient le monde autour d’une table jusqu’à des heures avancées de la nuit, ne se résignant à partir qu’après que j’ai lancé mon rituel « Et alors, vous n’avez pas de maison ? ». Je voyais même naître des amitiés entre des habitués que les mêmes plaisirs réunissaient. Et les voir heureux, comblés et assidus était ma plus belle récompense.

Et la guerre civile éclata. Fomentée, alimentée, attisée par les Nouveaux Inquisiteurs au service d’intérêts dits supérieurs à savoir, avant tout, les leurs.

Deux clans s’affrontèrent. Les Fumeurs et les Anti-Fumeurs. 

Au début du conflit, je parvenais toujours à désamorcer les querelles, faisant appel de part et d’autre à la tolérance, au respect de la liberté de chacun, bref, aux concessions mutuelles indispensables à la vie en communauté.

« Madame fume mais elle est venue à pied. Vous, monsieur, vous ne fumez pas mais tout à l’heure en garant votre 4 × 4 vous avez fait tousser toute ma terrasse… »

Chacun s’engageant à faire un effort, les esprits se calmaient autour d’un verre.

Et puis le Grand Inquisiteur déclara les fumeurs hors la loi. Plus d’un tiers de la population adulte fut ainsi mis à l’index, voué aux gémonies et soumis à de lourdes taxes. Vingt et quelques millions de citoyens jusque-là fort honorables devenaient par la force d’un décret, des empoisonneurs, des névrosés accros à une pratique d’un autre âge, des nuisibles, des criminels, des bannis honteux que la Sécurité sociale décida de ne plus prendre en charge arguant de ce que ce n’était pas aux contribuables « sains de corps et d’esprit » – sic – de payer pour leur obstination à s’empoisonner.  

Tous les Anti-Fumeurs pouvaient désormais se défouler sur leur dos des brimades et contraintes bien plus dommageables qu’ils subissaient par ailleurs et contre lesquelles ils n’avaient pas le courage de se rebeller : un conjoint rabat-joie ou acariâtre, un patron tyrannique, ingrat et méprisant, un voisin intolérant ; autant d’avanies qu’aggravait de jour en jour cette multitude de mesures venues « d’en haut » qui, insidieusement, compliquaient leur quotidien, réduisaient leur liberté à peau de chagrin. Ils ne s’en privèrent pas, trop heureux de pouvoir à leur tour jouer les flics. De même que sous le maccarthysme, le nazisme ou les régimes totalitaires du bloc de l’Est, tout citoyen en manque de repères, de croyance religieuse ou de contrôle sur sa propre existence, s’érigea, pour combler ses lacunes existentielles, en gardien farouche de ce que le Pouvoir lui présentait comme une œuvre de sauvegarde vitale de la Nation. Malade des mêmes outrances, l’Intégrisme Sanitaire, nouvel ordre moral laïc, avait remplacé le fanatisme religieux.

Et l’interdiction de fumer dans tous les lieux publics devint absolue.

Quelques restaurateurs décidèrent de passer outre. Certains transgressèrent la loi, s’exposant à des sanctions ; d’autres la contournèrent habilement, déclarant leur établissement club privé. (L’idée n’était pas nouvelle ; elle existait depuis la création des clubs échangistes : se dénuder et copuler dans un lieu public est interdit et passible d’emprisonnement. Cela cesse de l’être dès lors que ledit lieu est le siège d’un club privé ou d’une association dont les adhérents sont consentants.) Moyennant une cotisation symbolique, ceux qui y adhéraient acceptaient l’article numéro un du règlement : « Le libre arbitre est une liberté imprescriptible. C’est donc de mon plein gré que je choisis de côtoyer fumeurs et non-fumeurs dans ce lieu qui n’est plus public puisque privé mais sans discrimination. » Les Anti-Fumeurs, branche intégriste des Non-Fumeurs déclarèrent boycotter ces établissements, ce qui ne modifia en rien leurs habitudes : ils ne les fréquentaient déjà pas avant la promulgation de la loi.

Pourquoi, à l’époque, n’ai-je pas suivi le mouvement ? D’abord par négligence sans doute. Ensuite, il faut bien l’avouer, comme nombre de mes confrères, parce que cette interdiction m’arrangeait un peu. Plus de mégots à ramasser, plus de cendriers à laver, plus de nappes brûlées, plus de murs jaunis. J’y perdis alors quelques habitués sans m’en rendre compte immédiatement jusqu’à ce que l’un d’entre eux me quitte sur ces mots :

« Tu as donc choisi de me fermer ta porte.

– Mais non, allons, tu es toujours le bienvenu… je te demanderai juste de fumer dehors quand tu en éprouveras le besoin.

– Le besoin… comme on s’isole pour aller aux toilettes, c’est ça ? Tu crois que ça me prend comme une envie de pisser ?… La cigarette, c’est le sixième doigt de ma main et les bouffées sont les virgules, les points qui ponctuent ma conversation, les pauses, les silences qui rythment mes phrases. Les uns et les autres font partie de moi et tu me demandes de les laisser dehors. Je suis donc toujours le bienvenu mais à condition de devenir un autre. Désolé, je suis comme je suis. À bientôt quand même : chez moi, tu seras toujours le bienvenu et tel que tu es. »

Avant de passer la porte, il ajouta :

« Je reste ce que je suis mais toi, si tu n’y prends pas garde, on ne te laissera pas cette chance. »

Je ne compris que bien plus tard le sens de ces derniers mots.

Dans les mois qui suivirent, mon chiffre d’affaires diminua sensiblement mais ma réputation de magicien restée intacte m’attira de nouveaux clients et tout rentra dans l’ordre. Mon restaurant faisait de nouveau le plein, seule l’ambiance y était devenue quelque peu différente, notamment lorsqu’il m’arrivait parfois de devoir encore gendarmer quelque accro à la cigarette. Je dus même un soir faire appel à contrecœur aux forces de l’ordre pour me débarrasser d’un récalcitrant. 

Et les Inquisiteurs déclenchèrent une nouvelle offensive…

Comme dans les pays où l’interdiction de fumer dans les lieux publics sévissait depuis plusieurs années déjà, la consommation de tabac non seulement ne diminuait pas mais, qui plus est, était en légère augmentation – les fumeurs allant se fournir dans des pays limitrophes où les taxes étaient moins pénalisantes ou bien s’approvisionnant sur des marchés parallèles aux tarifs encore plus avantageux. Toutes ces ventes échappant à la taxation de l’État, il fallait donc trouver d’autres cibles pour alimenter l’appétit croissant du Trésor public. 

Ils s’attaquèrent alors à l’alcool, restreignant sa consommation et, ceci compensant fiscalement cela, alourdissant les taxes qui s’y rapportaient. Quelques voix s’élevèrent, arguant de ce qu’on ne pouvait justifier cette nouvelle restriction en usant du prétexte d’alcoolisme passif comme on avait usé de celui de tabagisme passif. Les Inquisiteurs leur rétorquèrent, péremptoires : « Quarante pour cent des morts de la route sont indirectement victimes de l’alcoolisme. » Fallacieux mais rédhibitoire. On nous obligea donc à relever l’identité de chaque client avant de contrôler son taux d’alcoolémie au moyen d’un alcotest et à refuser de le servir si celui-ci s’avérait supérieur au taux légalement autorisé et récemment abaissé. 

Bien qu’approuvant la lutte contre l’alcool au volant, la majorité de la profession, estimant qu’elle n’était pas de son ressort, refusa de se plier à cette nouvelle mesure, dénonçant par ailleurs une entrave à la liberté, des procédures trop contraignantes, un manque de personnel… autant d’arguments qui masquait l’essentiel : c’est sur l’alcool que nous réalisions la plus grande part de nos bénéfices. Nous fûmes cependant bien obligés de céder quand certains d’entre nous furent condamnés à de lourdes peines de prison pour complicité d’homicide dans des procès dits de violence routière où l’absorption excessive d’alcool était incriminée. On nous fournit aussi des barèmes indiquant en regard de chaque type de consommation son taux d’alcool. Celui-ci était au fur et à mesure comptabilisé sur la fiche du client et lorsque la cote d’alerte était atteinte, nous ne pouvions lui servir d’autre boisson que de l’eau. Quand le client contestait la décision, nous devions transmettre son identité aux autorités. 

De plus en plus, ma toque de cuisinier se mit à ressembler à un képi.

Cette fois, je faillis bien y laisser ma chemise. De très nombreux clients désertèrent mon établissement. Ceux qui le fréquentaient encore ne consommant plus qu’un minimum de boissons alcoolisées, voire pas du tout, mes bénéfices s’en ressentirent cruellement. Mon humeur également et par contrecoup, celle de mes convives, d’autant que ceux qui ne fument ni ne boivent, je pus alors le vérifier, sont rarement des boute-en-train.

L’atmosphère était devenue de moins en moins magique.

En rognant à regret sur le personnel, l’éclairage, les portions dans les assiettes et en ouvrant sept jours sur sept, je parvins à me maintenir à flot. Mon seul bénéfice : mes journées de travail ne se prolongeaient plus tard dans la nuit. Les clients abstinents ne s’attardaient pas et les bons vivants préféraient terminer leurs soirées chez l’un ou l’autre d’entre eux autour d’un verre et pour certains d’un bon cigare. La convivialité n’était plus au menu.

« Vous utilisez quel corps gras, beurre… huile… d’origine végétale… poly-insaturés ?… Vos produits sont bios ?… Sans gluten ?… Vous servez des plats végétariens ?… vegan ?… Quel est leur nutri-score ?… »

Depuis peu, ces questions insolites, et pour tout dire à mon sens incongrues, précédaient la commande de quelques-uns de mes clients. Certains les posaient même dès leur entrée et, selon mes réponses, s’installaient ou repartaient me jetant alors le regard outragé et réprobateur qu’ils réservaient jusque-là aux fumeurs. Je n’y prêtai pas plus d’attention qu’elles ne méritaient, n’y voyant qu’une « tendance » de plus pour bobos désœuvrés et un brin psychotiques.

L’explication à ce phénomène me parvint bientôt par une note officielle de la DSS (Division Salubrité Sanitaire) du ministère de la Santé, en ces termes : « Devant l’accroissement alarmant du nombre de décès dus aux accidents cardiovasculaires et de cas d’obésité générateurs de nombreuses pathologies handicapantes et onéreuses pour la communauté nationale, nous avons décidé de vous associer à une campagne de sauvegarde de la santé de vos concitoyens. Grâce à la vigilance sans faille dont vous avez su faire preuve dans la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, notre Nation a pu se flatter d’être la plus saine d’entre toutes et vous avez l’honneur d’en être les premiers artisans. Afin de vous assister dans l’accomplissement de cette mission, nos brigades effectueront des contrôles réguliers de la teneur en graisses, en sucre et en sel des plats que vous proposez et, en cas de non-conformité aux recommandations, des ANES (Autorités Nationales des Experts Sanitaires) vous indiqueront la marche à suivre pour y remédier. Bien entendu, dans un premier temps, elles s’efforceront de faire preuve d’indulgence à l’égard des contrevenants dont la bonne foi aura pu être démontrée et n’appliqueront des sanctions qui pourront aller jusqu’à la fermeture d’établissement qu’en cas de récidive. »

D’abord incrédule puis espérant être la seule victime d’une mauvaise plaisanterie, je décrochai mon téléphone et appelai un confrère pour m’en assurer. Il venait lui aussi de recevoir la circulaire.

« Eh non, ce n’est pas une plaisanterie. Nous l’avons tous reçue… enfin, tous ceux qui n’avaient pas encore déposé le bilan depuis que les gens préfèrent faire la fête chez eux : ils y ont encore l’illusion d’être libres. Au moins, ils peuvent fumer, boire, vivre comme bon leur semble. Alors ils appellent un traiteur et se font livrer. Les ventes à emporter, il n’y a plus qu’eux qui s’en sortent d’autant que bénéficiant de la taxation réduite qu’on nous a fait miroiter sans jamais nous l’accorder, ils peuvent serrer les prix. Enfin, avec ces nouvelles mesures, ils n’en ont plus pour longtemps eux non plus. D’autant que la secrétaire d’État à la Salubrité Publique envisage de faire voter une loi permettant à ses services de contrôler les achats de tout citoyen au travers des relevés de la nouvelle carte bleue qui les répertorie en détail. Le but : ne plus rembourser les frais médicaux des diabétiques, cardiaques, obèses et autres qui consommeraient une nourriture trop grasse, trop salée ou trop sucrée. »

Piètre consolation. Je raccrochai, abattu.

Les mois qui suivirent furent les pires de mon existence. Je ne servais plus que des plats insipides à des fanatiques de ce nouvel ordre moral : « Hors de l’ascèse, point de salut », ou le plus souvent à des consommateurs résignés qui, rompus à l’obéissance la plus aveugle, désormais prêts à accepter toute nouvelle mesure liberticide, se mettaient à table sans plaisir, sans désir ni exigence d’aucune sorte. Tous semblables dans une uniformité dénuée de toute fantaisie, de toute individualité. Exempts de libre arbitre, d’envie et à plus forte raison de révolte. 

Camouflés sous les nobles aspirations de nos dirigeants à préserver notre santé et les finances publiques, c’était donc là la réelle motivation, le but ultime : faire de tout un peuple un troupeau docile atteint de léthargie.

« … et vous avez l’honneur d’en être les premiers artisans… »

J’avais été utilisé, manipulé pour devenir l’initiateur de cette lobotomie générale et de ma propre perte. 

Les paroles de mon ami, dont le sens m’avait alors échappé, devenaient dramatiquement explicites. « Je reste ce que je suis mais toi, si tu n’y prends pas garde, on ne te laissera pas cette chance. »

Ils avaient fait du Magicien le triste exécuteur de leurs basses œuvres.

J’ai servi ce soir mon dernier repas.

Tout à l’heure, devant ma porte, un couple traînait un petit garçon qui répétait en boucle : 

« Non ! pas le restaurant ! Pas le restaurant !… »

  

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