Florian Galinat - Point de vue

De la contemplation naît un regard inquiet, et si tristement empli de justesse… Par Florian Galinat.

  

Point de vue

 

 

Je reste allongé dans ce champ infini d’iris entourant le petit lac noir de ma pupille. Les fleurs sont veinées de bleu, plissées délicatement par le clapotis du vent. Je regarde le Ciel, il est mauve. À l’horizon parfois, quelques déchirures d’un rose vif.

« Le monde est rempli de visions qui attendent des yeux[1]. »

L’espace éveillé est au-delà de ce Ciel. L’Homme y court, sous une pluie de soucis, à travers des architectures de papier. Blanc aveuglant. Il traverse des futaies métalliques aux feuilles d’acier. Une unique saison, celle du bourgeonnement numérique, exponentiel et sans limite. L’Homme fatigué plonge dans l’eau des écrans.

De la Nature il n’a gardé qu’une poignée de Terre, jetée juste sous son cœur. Contre la friche de l’oubli, l’enfant qu’il était travaille chaque jour le lopin. De belles fleurs puis les fruits des souvenirs. L’Homme y passe parfois pour se retrouver. Rarement il suit l’enfant qui traverse la haie par un petit portillon menant au champ infini d’iris.

 



[1] Christian Bobin, Le plâtrier siffleur, POESIS, 2018.

 

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