L’au-revoir de Paule Tomi…
Quai des souvenirs
Si les départs n’étaient que des occasions de figer des au-revoir, d’en faire l’image d’un souvenir, le négatif d’un amour passé, alors, resterait là, gravé dans ma rétine, cet adieu enamouré, alors que je t’avais conduit jusqu’au quai de la Joliette, pour te voir prendre le bateau pour la Corse et que je n’imaginais pas qu’on me permettrait de te déposer au pied du pont par lequel les voitures accédaient aux garages, ce qui m’avait permis de t’embrasser sur ce même pont, au milieu des odeurs d’essence, un peu exaltée par l’au-revoir et l’émotion de ton départ, mais heureuse de l’intensité du moment dont les regards goguenards des marins attendris me renvoyaient l’image, comme un vieux miroir sans tain, un peu piqueté et qui aurait eu le pouvoir magique de me dédoubler, me faisant à la fois savourer l’instant du baiser et regarder la scène de cet adieu, afin de le conserver précieusement dans mon carnet de souvenirs, à feuilleter au temps des amours fanées.
Ce texte fait partie du compagnonnage mis en place entre Le Nouveau Décaméron 2021 et l’atelier d’écriture Racines de Ciel, animé par l’écrivaine Isabelle Miller, dans le cadre des activités littéraires du festival Racines de Ciel.
Le thème choisi cette année était « Commémorations publiques, souvenirs privés » articulé autour de plusieurs propositions successives.
La cinquième et dernière proposition à laquelle le présent texte souscrit était :
Pour la dernière séance, il s’agissait de se dire « au revoir », en une seule phrase mais qui soit la plus longue possible – et quitter l’atelier sans quitter l’écriture…
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