- Decameron Libero
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Deux poèmes de Michel Bouchy, aux premiers jours du confinement à Ajaccio.
ÉPIDÉMIE
Nous sommes des autruches la tête dans le noir
À refuser de voir que notre Terre ruche
Est en plein désarroi est en plein désespoir
Elle nous envoie un signe une toux coqueluche
Nous rappelant ainsi la force du pouvoir
De ces petits minus nous tendant des embûches
En contournant sans peine notre mur du savoir
Se comportant alors comme ballon de baudruche
Infinitési-maux manque de connaissances
L’univers des petits est un monde nouveau
Le ciron il y a peu était de notre essence
L’être le plus petit il est devenu gros
La récolte du blé symbolique semence
Se fera désormais en se courbant le dos
L’épi des mies est là le savoir en errance
Notre pain quotidien défie notre cerveau
La guerre est déclarée la mobilisation
Doit être générale si l’on veut la gagner
Notre orgueilleuse engeance n’est pas toute raison
Serons-nous assez forts assez disciplinés
Au virus ennemi ne faisons allégeance
Combattons sans répit la moindre négligence
Oublions pour un temps notre molle opulence
Mais relevons la tête notre seule espérance
Ajaccio le 1er jour de l’an 1
17 mars 2020
PARTIR
À quelque chose malheur est bon
Ce vieux dicton s’applique-t-il
En tout lieu et toute saison ?
Peut-il amoindrir un péril ?
L’oubli est un soleil offrant la guérison
Fredonner sa chanson est quelquefois utile
Il est source de vie et de résurrection
Il est un pis-aller pour être moins fragile
L’épisode biblique qui nous est proposé
Affronter une plaie qu’on voudrait chimérique
Par un comportement de citoyenneté
Par le réveil soudain d’un esprit plus civique
Va-t-il être occasion de se manifester
D’être plus à l’écoute et d’être moins critique
Les migrants d’aujourd’hui ont changé de côté
L’urbanité s’exile et pourquoi pas …l’Afrique
L’exode est un malheur qui n’a pas de drapeau
Il frappe sans retenue toute couleur de peau
Des enfants des adultes vieillards en oripeaux
Que la plaie qui nous mine nous serve de cadeau
Ajaccio 2e jour an 1
18 mars 2020
Pour lire d'autres textes de l'auteur : Mes mains / Liberté
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