Quatrième de couverture
Cet ouvrage de 244 pages et 201 illustrations est dû à Michel Claude Weiss, Professeur d’Archéologie à l’Université de Corse. Il concerne un aspect plutôt méconnu mais particulièrement émouvant du patrimoine insulaire : les tracés rupestres, signes symboliques ou schématiques réalisés au moyen de la peinture ou de la gravure. Or, ces manifestations, préhistoriques et historiques, visibles du Cap Corse au Sartenais, n’avaient jamais fait l’objet jusque là d’une étude synthétique d’une telle ampleur.
L’auteur a repris entièrement l’analyse de ces œuvres en considérant que la base, la seule, susceptible de permettre d’entrevoir un début de solution n’était autre que le relevé exhaustif, méticuleux et organisé de ces ensembles originaux et mystérieux.
La collecte des données, opération précise et donc très longue, ne pouvait être le fait que d’un groupe de chercheurs. On comprendra donc que pour cet aspect de la recherche, et sous la direction de Michel Claude Weiss, on fait appel à une équipe fournie, en l’occurrence le Groupe de recherches préhistoriques et protohistoriques de l’Université de Corse. A partir de là, le travail de synthèse et d’interprétation a été réalisé par l’auteur.
Pour cette analyse, douze sites (un site peint et onze sites à gravures) ont bénéficié d’une méthodologie originale.
Les onze sites à gravures étudiés rassemblent 1071 gravures, chiffre tout à fait respectable et surtout en mesure de rendre utiles les calculs statistiques. Les cupules non utilitaires dépassent largement les cent unités (la Petra Frisgiata I compte à elle seule 595 gravures et 110 cupules). A noter que six des autres sites à gravures ont été intégrés à l’étude des fins de comparaison.
Un tel projet a donné l’occasion d’éradiquer autant que faire se peut les interprétations mythiques liées pendant longtemps, et aujourd’hui encore, à ce genre de manifestations. Il a permis d’établir un bilan objectif des œuvres rupestres de l’île à la suite de la critique interne des documents et de l’analyse du contexte méditerranéen voire plus lointain. Et encore de proposer un cadre chronologique puis un commencement d’interprétation.
Les peintures sont indubitablement préhistoriques ; elles dévoilent plusieurs phases de réalisation et une distribution structurée. Elles représentaient un acte important de la vie spirituelle des groupes primitifs concernés. Quant aux gravures, elles plongent dans le plus vieux passé mais intéressent aussi les principales périodes de l’histoire de l’île. Certaines sont le témoignage de la fréquentation d’édifice religieux. Pour ce qui est de la datation, le tableau élaboré ici tient compte des superpositions constatées, de la position des figures sur le support rocheux et de la comparaison avec des motifs forts de zones plus ou moins voisines.
Les roches travaillées ont pu avoir une vie assez longue. La vision simpliste des œuvres rupestres en est singulièrement contrariée. En réalité, nous avons affaire à un art dont la complexité ne saurait être niée. Ce qui va de pair avec le caractère éminemment symbolique de ces productions.
Une telle révision ne pouvait manquer de s’accompagner de l’effacement des anciennes explications ou théories.