Liste des produits du fournisseur Guerrazzi F.-Domenico
Il est sans aucun doute l'une des figures importantes de la littérature italienne du xixe siècle au même titre que Manzoni ou Leopardi. Politiquement engagé en cette longue période de troubles révolutionnaires que fut le Risorgimento – troubles qui conduiront bientôt à l'unité italienne –, il se sert de sa plume et de son talent de romancier pour éveiller les consciences.
De ses premiers romans (La battaglia di Benevento, L'Assedio di Firenze, etc.) à ses derniers, c'est l'argument historique qui sert de support à la thèse politique. L’histoire de l’Italie déroule une fresque suffisamment foisonnante pour que l’auteur trouve matière à exalter le comportement héroïque des grands personnages, infatigables combattants de la liberté, contre les tyrans. On notera que le Pasquale Paoli, dans son édition de 1864, est offert à Giuseppe Garibaldi…
Au cœur de l’œuvre de Guerrazzi se trouve une série d’écrits dont la trame est située en Corse (terre qui l’accueillit lors d’un exil politique de plus de trois années, de 1853 à 1856). Les deux premiers sont de longues nouvelles (La torre di Nonza, La storia di un moscone). Ils précèdent un magistral roman intitulé Pasquale Paoli ossia la rotta di Pontenuovo (1860), dédié à l'histoire de la Corse en lutte contre les Génois, puis contre les Français, jusqu'à la «déroute de Ponte Novu» en 1768 (sous-titre de l'ouvrage). Ils furent tous trois rédigés en Corse, en totalité ou en partie. Un dernier ouvrage sera enfin consacré au célèbre condottiere insulaire, Sampiero Corso.
Parce qu’il ouvre le chapitre du romanesque dans la littérature italienne, F.D. Guerrazzi est aussi un pionnier dans l'histoire culturelle de son pays, son œuvre dépassant largement la dimension du plaidoyer politique sous-jacent.
Malgré son importance, seuls trois romans à notre connaissance ont fait l'objet à ce jour d'une traduction depuis le xixe siècle : La Battaglia di Benevento, Veronica Cybo et La Serpicina.
Cent cinquante ans après la parution initiale du roman Pasquale Paoli, sa traduction en français rend justice à son auteur.
Guerazzi et le roman
« Dans les pays libres et dans les pays calmes, on a le bonheur et le droit de faire de l’art pour l’art. Chez nous, ce serait faiblesse et apathie. Quand j’écris, c’est que j’ai quelque chose à faire ; mes livres ne sont donc pas des ouvrages mais des actions. Avant tout, ici, nous devons être des hommes. Notre devoir est d’agir et de combattre. Quand nous n’avons pas d’épée, nous prenons la plume.
Nous amassons des matériaux pour dresser des batteries et des forteresses, tant pis si nos constructions ne sont pas des œuvres d’art.
Écrire lentement, froidement, de notre temps et dans notre pays, avec le parti pris de créer un chef-d’œuvre, serait presque une impiété. Quand je compose un livre, je ne songe qu’à livrer mon âme, à communiquer mon idée ou ma foi. Comme cadre, j’ai choisi le roman, forme populaire et très goutée de nos jours, mais comme cadre seulement ; mon tableau, c’est ma pensée, mes doutes ou mes rêves. Je commence un récit pour attacher la foule, quand je sens qu’elle est prise, je lui dis ce que j’ai à dire ; quand je crois que la leçon fatigue, je reprends l’anecdote et toutes les fois que je peux l’interrompre, je reviens à mon enseignement. Esthétique détestable, je le veux bien ; mes travaux de siège seront détruits après la guerre, je n’en ai jamais douté, mais qu’importe ? Que mon œuvre passe comme une tempête, si, en passant, elle a foudroyé les méchants, secoué les lâches, épuré l’air.» (cité in Bibliothèque universelle et revue suisse, 1873)
Guerrazzi et « son » Paoli
Ho il Paoli, e questo condotto a buon termine. Paoli fu uomo antico e tale che l’Alfieri vostro qui dedicava il Timoleone, bella e santa la guerra ch’egli combattè e piena di nobili esempi. Io me ne sono innamorato. Questo libro comunque indirizzato a scopo nazionale, polo invariabile dei miei poveri scritti, può dettarsi in modo che per l’Italia giri liberamente.
J’ai le Paoli et il est désormais conduit à terme. Paoli fut un homme antique et tel qu’Alfieri lui dédia son Timoléon. Belle et sainte fut la guerre que celui-ci mena, pleine de nobles exemples. Pour ma part, j’en suis tombé amoureux. Ce livre, parce qu’il a un but national, pôle invariable de mes pauvres écrits, peut être présenté sur un mode qui lui permette de circuler librement en Italie.
Lettre du 18 octobre 1854 à son éditeur Maurizio Guigoni.