Quatrième de couverture
Le corse bénéfi cie d’une place à part dans l’histoire récente des langues minoritaires.
À l’égal de toutes les autres, il est outil de communication et de création.
Mais il est aussi enjeu sociétal, moyen et but, fortement investi depuis le grand regain culturel (Riacquistu) des années soixante-dix.
Il est en eff et l’un des symboles les plus marquants de l’évolution de la société insulaire tant dans ses usages que par sa valeur politique omniprésente.
Consolidée par les travaux pionniers des Marcellesi, Thiers, Marchetti, Geronimi, etc., son étude a été portée par une science « établie », la linguistique, et par une « nouvelle » discipline, la sociolinguistique. Le cas de la langue corse est en eff et singulier à bien des titres par ses choix normatifs parfois controversés (graphie et polynomie notamment).
Ainsi l’histoire récente a-t-elle été témoin de transformations parfois radicales : passage de l’oralité à l’écrit, enseignement de la maternelle à l’université, (ré)appropriation par la création littéraire sous toutes ses formes, apparition d’une langue des médias promotrice notamment de nouveaux mots… jusqu’à l’irruption de mixalectes (associant diverses variantes du corse) chez certains néolocuteurs.
Le corse a, ainsi, depuis cinquante ans, évolué comme jamais auparavant, et sa transmission demeure au coeur des enjeux de société, culturels et donc politiques.
La présente étude, fruit d’un passionnant travail scientifi que de longue haleine, appuyée par des enquêtes de terrain, examine tant ces évolutions que les nouveaux défi s. Elle rappelle à bon droit que la langue n’est pas qu’un objet d’étude universitaire ou un pur symbole, mais qu’elle est l’aff aire de tous et qu’elle s’inscrit à ce titre parmi les enjeux démocratiques majeurs de la société insulaire.
L’auteur
Nicolas Sorba est professeur des universités en cultures et langues régionales au sein de l’INSPE de Corse de l’Università di Corsica. Membre de l’UMR CNRS 6 240 LISA, il articule ses recherches autour de la situation sociolinguistique du corse. Ses travaux portent particulièrement sur les processus normatifs et de standardisation des langues minoritaires et/ou minorisées. Son expertise s’étend également à des problématiques didactiques. Actuellement président du Capes de corse très engagé de diverses façons en faveur du développement de l’usage du corse dans tous les secteurs, il contribue ainsi signifi cativement à la valorisation de la langue et à la construction d’une société corse plurilingue.